GRÉTRY
Civilité
Bibliographie
André-Ernest-Modeste Grétry est compositeur. Il a composé de nombreuses musiques d'opéra-comiques.
André Ernest Modeste GRÉTRY (1741-1813) est né à Liège. Il arrive à Paris en 1767, après un séjour de plusieurs années en Italie où il avait découvert l’art des maîtres italiens : la musique de Pergolèse fut pour lui une véritable révélation. Une première collaboration avec le librettiste Marmontel pour Le Huron conduisit immédiatement Grétry au succès. Le goût prononcé de la dauphine Marie-Antoinette pour les opéras-comiques donna au compositeur l’occasion de se faire une place à la Cour : il devint finalement maître de clavecin de la Reine. Entre 1770 et 1780, Grétry arriva à la pleine maturité de son art : La Fausse Magie (1775) ou L’Amant jaloux (1778) témoignent de son génie théâtral tout autant que de son savoir-faire mélodique, harmonique et orchestral. Après un premier essai dans le genre sérieux avec le ballet héroïque Céphale et Procris (Versailles, 1773), son unique tragédie lyrique pour l’Académie royale, Andromaque (d’après Racine), révéla un visage insoupçonné de Grétry qui se montra disciple de Gluck (1781). Sur cette même scène, il inaugura l’opéra de genre, grand opéra sur sujet comique ou de demi-caractère (L’Embarras des richesses, La Caravane du Caire, Panurge dans l’île des lanternes, Amphitryon…). 1785 marqua un tournant dans la carrière du musicien : après avoir signé la partition étonnamment préromantique de Richard Cœur-de-Lion, dont la profondeur du style tout autant que le decorum gothique annonçaient le siècle suivant, il s’éloigna petit à petit de la vie musicale et commença à rédiger ses Mémoires. La Terreur passée, Grétry retrouva ses appuis. En 1795, il entra à l’Institut et participa à la création du Conservatoire ; en 1803, il fut décoré de la Légion d’honneur. Retiré dans l’Ermitage de Jean-Jacques Rousseau, il ne se consacra plus guère qu’à la littérature. Grétry s’est essayé à tous les genres musicaux, mais c’est dans l’opéra-comique qu’il fut le plus original : de Zémire et Azor à Richard Cœur-de-Lion, il ne signa pratiquement qu’une suite de grands succès. Sa musique religieuse et ses quatuors datent de son séjour en Italie. Quelques pièces de la période révolutionnaire (Guillaume Tell, Denys-le-tyran, Elisca ou l’habitante de Madagascar…), révèlent une prise de conscience des musiques de l’avenir : suivant les traces de la jeune génération, incarnée par Méhul et Cherubini, Grétry renouvela son langage en faisant usage de la pompe chorale et orchestrale caractéristique des musiques de la Révolution et de l’Empire. Du génie multiforme de Grétry, on retiendra avant tout un sens hors norme du théâtre. Maniant les ressorts du comique et du tragique avec une égale aisance, il parvient à mettre en musique les situations et les sentiments les plus improbables. En ce sens, il n’est pas déplacé de considérer son talent dramatique à l’égal de celui de Mozart. Offenbach, qui reconnaissait tout devoir à Grétry, est l’un des nombreux auteurs du XIXe siècle à avoir suivi la voie ouverte par le favori de Marie-Antoinette un siècle plus tôt.
Voir : Benoît Dratwicki - Musefrem - CMBV - philidor.cmbv.fr