DUMANOIR

Civilité

Sexe : Homme
Nom : DUMANOIR

Bibliographie

Dumanoir, associé à Gaillard, qui dirigent pour l'heure une troupe à Bayonne, essaient au printemps1786 de s'implanter au théâtre de Pau. Le duc de Gramont leur en donne le privilège pour trois ans, mais la municipalité rechigne, faute de document probant montré par les artistes, avant de donner son autorisation le 24 avril. Le duc de Gramont rassure les jurats le 7 mai 1786 :

« Il est certain, Messieurs, que les sieurs Gaillard et Dumanoir ont mis bien de la négligence à retirer le privilège exclusif qu’ils m’ont demandé il y a dix mois, et je ne voulois vous en écrire qu’après qu’ils en auroient été en possession. Ce n’est qu’avant-hier que le sieur Gaillard l’a retiré de mon secrétariat. Il a dû partir sur le champ pour Pau, et j’ay fait mander au sieur Dumanoir de vous le présenter à sa réception. Vous verrés son contenu, auquel je vous prie de tenir la main, d’établir une règle fixe à ce spectacle, d’y faire observer une police qui maintienne la tranquillité dans l’intérieur. Quant à l’extérieur, si vous avés besoin des secours que pourroit vous procurer M. le baron Darros, je suis persuadé qu’il se prêtera à tout ce qui pourra contribuer au bien du service dans les dépendances du château de Pau. Au surplus, j’approuve que vous ayés permis au sieur Dumanoir de jouer la comédie avant de vous avoir résenté son titre, mais sans tirer à conséquence. Soyés persuadés, Messieurs, que je vous honore, et vous suis très parfaitement acquis ».

Néanmoins, la querelle des privilèges se poursuit, éloquente sur les dépendances imposées aux artistes, comme le prouve la lettre des échevins au baron Darros, en date du 12 mai 1786 :

« Votre lettre du 11 du courant, Monsieur, nous prouve que nous n’avons pas l’avantage d’être d’accord avec vous sur nos droits respectifs. Ce n’étoit pas vôtre permission, mais la nôtre, qui étoit nécessaire au sieur Dumanoir pour l’autoriser à jouer la comédie. Nous n’aurions pas manqué de la luy accorder dès le premier instant si nous n’avions sçu que Mr. le duc de Grammont exigeoit que le directeur fut muni préalablement de son privilège. Notre déférence pour les désirs de Mr. le duc de Grammont fut l’unique cause des difficultés qui s’élevèrent. La lettre que vous nous fîtes l’honneur de nous écrire fut regardée par le corps de ville comme une sollicitation en faveur du sieur Dumanoir. Si nous avions pu y entrevoir quelque acte d’autorité, nous n’aurions pu l’accepter, parce que la police des spectacles et tout ce qui en dépend appartient uniquement aux officiers municipaux. Dans ce cas, ou nous aurions pris le parti de suspendre le spectacle jusqu’au rapport du privilège, ou bien nous aurions pris des précautions pour obliger le directeur à remplir ses devoirs. Au reste, Monsieur, il est évident que vôtre opinion vient de ce que vous regardez la salle de spectacle comme une dépendance du château. C’est une erreur ; cette salle est construite sur un terrein aliéné, tombé en roture : l’arrêt même du conseil qui en contient la concession nous a expressement réservé la police des spectacles. Celuy de 1782 et encore textuel, puisqu’il met sous notre juridiction tout ce qui est aliéné des anciennes dépendances du château. Enfin, Monsieur, ce qui se pratique aux Tuileries et au Palais-Royal pourroit servir de modèle si on jouoit la comédie dans les salles du château ; mais la salle du spectacle en étant séparée, vous ne pouvez y avoir aucune juridiction, et nous ne pouvons négliger les droits de la nôtre sans trahir l’intérêt de la ville ».

 

 

Carrière théâtrale