Salle des spectacles

Salle

Nom : Salle des spectacles

Autre(s) nom(s) :Salle de la Comédie
Ville : Saint-Quentin
 

Carte

Commentaire

Cette salle est construite en 1774, à l'emplacement de la halle aux draps de Saint-Quentin, près de la halle aux poissons. En 1842, elle est démolie et l'actuel théâtre Jean-Vilar, d'architecture d'inspiration néo-classique, est érigé à son emplacement.

En messidor an III (juillet 1795), il faut honorer un loyer mensuel de 1000 livres pour prétendre louer la salle, 1500 livres en frimaire an IV (décembre 1795). Il est arrêté, en pluviôse an IV (janvier 1796), que les artistes doivent verser quotidiennement le quarantième du produit de leurs représentations à l'administration municipale. Cette somme correspond à un loyer de 9 francs - puis 12 - par représentation, et cela pour couvrir les frais d'embellissement de la salle engagés par la mairie pour 752 francs.  Le loyer s'élève, en l'an VIII (1800), à 150 francs, auquel s'ajoute la taxe des pauvres. Les loyers fluctuent en partie selon les frais d'entretien de la salle à rembourser ou des difficultés financières éprouvées par les artistes lorsque les saisons théâtrales sont décevantes.

En l'an III (1795), et à la demande des artistes dramatiques, les prix des places à payer augmentent et sont les suivants : 10 livres pour les premières, 5 livres pour les secondes, le parterre à 50 sous et le paradis à 30 sous. La municipalité promet de ne pas appliquer une hausse du prix du loyer immédiatement suite à cela, mais en contrepartie, charge aux artistes d'entretenir les vitres et de nettoyer la salle une fois par mois, à leurs frais. De nouveaux prix sont appliqués en ventôse an IV (février 1796) et continuellement ensuite. En frimaire an VI (novembre 1797), la municipalité jouit d'une taxe d'un décime par franc sur la recette des billets d'entrée au spectacle.

Le 12 floréal an XII (2 mai 1804), il est arrêté que le maire de Saint-Quentin est autorisé à dépenser 8 000 francs pour le "rétablissement et [...] la décoration de la salle des spectacles" et cela avec les recettes de la location de la salle. En l'an XIII (1805), la municipalité dépense 19 736 francs et 51 centimes dans davantage de travaux. Cela endette la ville, qui tente de trouver un arrangement avec les entrepreneurs Bontems et Désiré pour renflouer les fonds. Ces arrangements nuisent toutefois aux deux entrepreneurs. En 1812, à nouveau, la salle de spectacles est embellie par de nombreux ouvriers. On prévoit notamment de construire un péristyle au-dehors de la salle, pour desservir deux vestibules aux portes vitrées.

Cette salle peut accueillir 530 spectateurs au plus fort de ses capacités.

Description architecturale

Décor et accessoire

Le 29 messidor an III (17 juillet 1795), on décide qu'il est nécessaire de faire surveiller les décorations de la salle des spectacles puisque, par défaut de soin, elles sont amenées à une dégradation rapide.

Différents inventaires de la salle permettent de prendre connaissance de ses décors et accessoires. Un long inventaire établi le 4 février 1811, sensiblement similaire à celui fait avec Bontems et Désiré Fontaine six ans plus tôt, détaille avec précision ces éléments. Parmi tout cela, des fonds de palais, de forêt, de hameau, de montagne, de mer, de place publique, de chambre rustique, un pavillon chinois, une forge de maréchal ferrant, etc.

Règlement de police

En 1791, il est acté que pour encourager le maintien rigoureux de l'ordre et de la police dans cette salle, le maire ou au moins deux officiers municipaux devront assister aux spectacles depuis le balcon qui leur est destiné exclusivement. Ils devront, en outre, être revêtus de leur écharpe et être précédés par un hallebardier.

Au nom du "grand désordre" qui agite le parterre de la salle des spectacles en pluviôse an IV (février 1796), il est décidé qu'une garde de 12 hommes, placée sous autorité d'un officier municipal présent, se rendra aux spectacles chaque soir à 5 heures précises. De plus, il est convenu qu'il ne pourra être vendu plus de billets d'entrée que la salle ne peut contenir de spectateurs. Toute personne démunie de billet d'entrée ne pourra être admise au spectacle. Une contremarque est nécessaire pour sortir momentanément de la salle puis y rentrer. Toute personne occasionnant un "mouvement tumultueux" sera arrêtée et traduite devant un juge de paix.

En prairial an IV (mai 1796), après le scandale causé par la représentation de Timoléon, il est arrêté qu'il est "défendu aux artistes dramatiques de profaner la figure de la liberté dans les représentations du théâtre et de l'employer d'une manière odieuse". En fructidor de la même année (août), une représentation de Zémir et Azor devait avoir lieu le 11 du mois, mais elle annulée. En cause, "l'insouciance cupide de quelques artistes". Dès lors, il est décidé que l'affiche d'un spectacle est un engagement, pour les artistes, de donner à voir la pièce annoncée au public et que les citoyens doivent être prévenus en avance et avec promptitude d'une annulation. Une infraction des artistes à ce règlement serait "puni par les peines de haute police".

Au nom du maintient de l'ordre, le commandant de police est invité, en vendémiaire an V (septembre 1796), à doubler sa garde, à ne laisser entrer qui que soit avec une canne ou un bâton et à tenir "un piquet de chasseur tout prêt dans la cour". En frimaire, il est demandé aux artistes de la ponctualité en ce qui concerne le commencement du spectacle et le moins d'intervalles possible entre les actes et les pièces. En germinal (mars 1797), un nouvel arrêté municipal encadre le répertoire dramatique des artistes. En outre, il leur est défendu de parler sur scène d'affaires politiques, tout comme il est interdit au public de demander directement au théâtre une pièce, les affiches seules garantissant celles représentées.

Le 14 pluviôse an VI (2 février 1798), il est décidé que la Marseillaise, le Chant du Départ et tout autre air républicain sera joué avant l'ouverture de chaque pièce et lors des entractes.

En 1807, un long règlement signé par les maires de Saint-Quentin, Soissons et Laon indique, entre autres, qu'un seul et même entrepreneur tiendra à la location les salles de spectacles de ces trois villes.

En octobre 1816, considérant que "le public ne doit pas souffrir des malentendus qui peuvent exister entre MM. les artistes dramatiques et pour prévenir tout désordre", la municipalité arrête que tout comédien parlant haut dans les coulisses pendant une représentation et troublant ainsi les artistes en scène sera puni. De même, toute insulte ou dispute entre comédiens sera punie d'amende et de prison.