Comédie
Salle
Carte
Commentaire
Description architecturale
Le 15 germinal an 6 (5 avril 1798), les administrateurs de la commune reconnaissent la nécessité d'établir un péristyle devant la porte du théâtre pour en faciliter l'entrée et la sortie et pour abriter les spectateurs de la pluie. Les travaux sont autorisés. La façade du théâtre, qu'il faut embellir, donne sur la place du Murier.
En 1802, le maire constate qu'il y a sous le théâtre un réservoir sans eau, sans pompes, sans pompiers, ce qui fait craindre pour la sécurité publique. En 1807, ce réservoir consiste en un bassin en pierre de taille corroyée et cimentée ayant une longueur de 4m21 sur 1m29; 1m29 de largeur et 97cm de profondeur et contenant 80cm d'eau. De plus, au-dessus du théâtre, deux tonneaux pleins contiennent environ chacun 260 litres cube d'eau. Le tout est agrémenté de deux petites pompes.
L'architecte Legrand décrit également, en juillet 1812, la citerne contenant onze mètres cubes d'eau et évoque les tonneaux qui se remplissent par les aqueducs en fer blanc et qui sont posés sur la couverture du théâtre.
Le théâtre possède un petit salon et un café, indépendant de la salle de spectacle.
Le 23 décembre 1813 est décrit un grand salon, un grand gradin à trois marches en bois de peuplier, qui a été peint à la colle aux couleurs de marbre, des latrines, une loge d'acteurs, une loge grillée, des banquettes.
En 1817, la municipalité sollicite le savoir-faire du peintre Nicollet fils afin d'exécuter au théâtre différents travaux de peinture. Parmi ceux-là, la remise en couleur du rideau d'avant-scène et du manteau d'Arlequin - à orner des armes dorées du Roi, de l'intérieur des premières et secondes loges et de 42 colonnes dont la couleur imite le marbre blanc. L'entrepreneur en travaux Saint-Pierre dit Provençal participe aux manœuvres consistant au remplacement des décors anciens par des neufs.
En Juin 1819, l'orchestre exige d'urgentes réparations. La barre est beaucoup trop haute, le son des instruments s'y trouve étouffé.
Décor et accessoire
Le 27 juillet 1812, l'architecte Legrand décrit la scène du théâtre d'Angoulême comme suit :
Le planché sous pied du théâtre est vieux, usé, percé. Sur le théâtre se trouvent six grandes échelles nommées chariots auxquelles sont adossées les coulisses : 22 avec châssis et huit qui n'en n'ont point. Huit pièces de toile peintes pour placer au fond du théâtre, y compris le rideau de l'avant-scène, et dix huit frises, le manteau d'Arlequin compris. Il y a aussi 18 crochets en fer, neuf mesurant 1m,25 de longueur et neuf mesurant 24cm de longueur et servant à tenir les décorations du théâtre. 2400m de cordages de différentes grosseurs et environ 200 poulies. Il y a aussi dans le chauffoir 24 tableaux y compris un qui est sur le théâtre. Neuf morceaux de châssis à grilles et tréteaux, ainsi que des tables servant à l'usage du théâtre. Quatre pièces de bois de chêne de 11m² et de 7m50 de longueur, deux du même équarrissage et de 3m chacune de longueur, trois du même équarrissage et de 1m60 de longueur ; plus neuf portes de cabinets sur châssis garnis de toile peinte : plus 40 plaques. Il y a aussi dans la salle deux lustres pour l'éclairage, dont un en cristal et l'autre en tôle et fer peint garni de quinquets au nombre de 40 épars dans les couloirs de la salle, à l'orchestre, et placés aux lustres. Derrière le corridor du parterre se trouvent les planches et tréteaux pour faire les planches sur le parterre dans les temps de danse et bals. La table du Festin de Pierre, un rocher ou encore un berceau comptent parmi les décors du théâtre.
Le 23 décembre 1813, on compte parmi les décors le grand rideau (72 mètres de longueur de cordes), les toiles qui ont été peintes pour représenter une marquise et deux rangées de tentes en point de vue,un tronc d'arbre. Le changement de vue peut s'effectuer par les cordes. Il y a six tabourets pour l'orchestre.
En décembre 1817, le peintre Nicollet met en couleur les décors d'un salon, d'un palais et d'une place publique.
En juin 1819, les banquettes d'orchestre sont toutes dépouillées et dans un état de saleté tel qu'il est impossible de s'y assoir sans se couvrir de tâches d'huile et de suif. L'éclaireur doit traverser l'orchestre pour allumer le lustre.
À une date inconnue (vers 1812), les musiciens de l'orchestre du théâtre espèrent l'acquisition, par la mairie d'Angoulême, d'une contre-basse afin d'agrémenter la salle mais surtout les pièces jouées.
Règlement de police
Le 14 messidor an 5 (27 juillet 1797), des manifestations hostiles éclatent à la sortie de la représentation. Les rixes ont recommencé entre divers citoyens armés de sabres. Le 12 frimaire an 6 (3 décembre 1797), un arrêté municipal stipule qu'à partir de ce jour, toute représentation est interdite jusqu'à la fin du mois de frimaire courant. En cause, le comportement de certains artistes qui chantent sans le moindre enthousiasme - voire avec dédain - La Marseillaise dans le but, dit-on, de plaire aux royalistes. Sainte-Foy, directeur du théâtre, et ses artistes réagissent rapidement en présentant une pétition collective demandant l'annulation de l'arrêté. Ils déclarent qu'ils se soumettront à toutes les prescriptions de l'administration et s'engagent formellement à former l'esprit public; soit par leur chants, soit par le choix des pièces qu'ils représenteront.
En 1798, la municipalité prend des mesures de rigueur contre tout perturbateur de la tranquillité publique, pour éviter le renouvellement d'actes regrettables ayant déjà eu lieu entre les révolutionnaires et les modérés. Défense est fait de porter des cannes à épée, ou toute autre arme cachée. De plus, les citoyens sont invités à porter ostensiblement la cocarde tricolore. L'orchestre du spectacle est composé d'artistes payés et d'amateurs. Ces derniers ne peuvent êtres forcés à participer à l'accompagnement des artistes désignés pour chanter les couplets patriotiques. Mais en ne se conformant pas à cette disposition, ils sont considérés comme faisant preuve d'incivisme. En avril de cette année-là, il est décidé que les couplets patriotiques seront chantés par des artistes de choix. Les chanteurs Champmelé et Tailli sont choisis pour cela et seront accompagnés d'artistes et de musiciens salariés. Les autres artistes, eux, reçoivent un blâme de l'administration municipale puisqu'ils chantent les airs patriotiques avec froideur et dédain.
Toujours en 1798, les prescriptions sur l'emploi du calendrier républicain ne sont point exactement suivies. Les jours décadaires ne sont pas toujours célébrés, tandis que le dimanche est encore regardé comme jour de repos. La célébration du dimanche est prohibée. Il est fait défense expresse au directeur du théâtre de donner des représentations les dimanches et fêtes de l'année calendaire. Ferville, qui est le directeur privilégié, doit, pour ce conformer aux obligations de ce privilège, faire jouer alternativement pendant deux mois d'été la comédie et l'opéra. Il est soumis à la même exigence pour les deux mois d'hiver.
Le citoyen Hector Sicard s'est introduit, les jours précédents le 30 mai 1798, sur la scène du théâtre et a vociféré des insultes à l'égard d'un gendarme. Un accident similaire a lieu le 12 décembre 1798. Le citoyen Suzeau-Horimont a pénétré sur scène en brisant une porte, avec le dessein d'approcher une actrice. Il a en profité pour insulter le directeur Sainte-Foy. Une punition sévère est exigée à l'égard de Suzeau.
Le 10 fructidor an 6 (27 août 1798), une représentation gratuite est donnée aux vieillards accompagnés des douze jeunes citoyens et citoyennes d'Angoulême. Les vieillards avaient été placés aux premières loges, en face de celle des administrateurs municipaux. Des couplets analogues à la circonstance ont terminé le spectacle.
Le 22 vendemiaire an 7 (13 octobre 1798), quelques acteurs reçoivent des plaintes concernant l'exécution des chants patriotiques. Leurs prestations sont froides. En conséquence, on ordonne au directeur du spectacle de faire jouer avant l'ouverture de la pièce et pendant les entre-actes, les airs aimés des républicains : La Marseillaise ; le Ça ira ; Veillons au Salut de l'Empire et le Chant du Départ.
Entre 1798 et 1799, de nombreuses sont prises par l'administration municipale d'Angoulême afin de transmettre, par le théâtre, les valeurs républicaines.
Le 29 décembre 1799 plusieurs personnes dans le parterre crient "Vive Bonaparte" à la fin de la représentation des deux pièces et avant l'ouverture du ballet. L'administration municipale crie également "vive Bonaparte" et puis "vive la République".
En février et juillet 1801, les artistes et policiers sont victimes d'insultes, dans la salle de spectacle.
Le 4 décembre 1803, il est décrété qu'il devient indispensable, pour la sécurité publique, qu'un poste militaire composé d'un sous-officier et de six fusiliers montent la garde lors des représentations théâtrales.
Le 21 février 1809 à 18h, un bruit scandaleux se répand dans le parterre. Il est à l'initiative d'un jeune homme nommé Labarde, qui paraît vouloir défier la sentinelle. Il a est arrêté et déposé au corps de garde.
Le 26 décembre 1810, la deuxième pièce de la soirée ne commence point, car Picault et Villain fils, musiciens, refusent de jouer et réclament publiquement leur paie. Ils se comportent de la sorte pour la deuxième fois.
En 1813, une "discussion frivole dans son origine et inconvenante dans ses détails" oppose le maire d'Angoulême à l'Auditeur au Conseil d'État et sous-préfet de l'arrondissement d'Angoulême, au sujet de la loge de la mairie au théâtre.
La première mention d'une salle de comédie à Angoulême est faite en 1748. La salle, au confort sommaire, se trouve près du château.
En 1779, un amateur de théâtre, M. Glace, décide de construire une maison sur un terrain qu’il possède au bout de la place du Parc (actuelle place New-York). Il demande l’autorisation à la mairie d'Angoulême d’y inclure une salle de théâtre. La construction se termine le 24 juin 1780. L'édifice bouche cependant la perspective de la place du Parc, du côté du château (emplacement actuel du square de l’Hôtel de Ville, du côté du bassin). Sa façade est ornée d’un balcon. Le théâtre est logé dans les deux premiers étages de la maison de Glace. La salle possède un parterre, des premières et secondes loges, un amphithéâtre, le tout orné de jolies décorations. La salle est située paroisse Saint-Antonin.
Charles-François Glace, propriétaire de la salle, la vend à son frère cadet Louis François Glace, jeune marchand horloger, le 21 juillet 1787.
Louis François vend à son tour la salle, huit ans plus tard, à Charles-Samuel Pierre Jacques Bernard de Luchet, habitant de Cognac, pour 115 000 livres. Le théâtre est alors situé place du Murier. En 1797, Luchet a le projet "de rétablir la salle de spectacle que les circonstances l'avaient obligé de détruire".
Luchet fait restaurer, en octobre 1798, le théâtre et la maison d'habitation qui sont installés sur les emplacements d'anciennes dépendances du château d'Angoulême, vendu comme bien national. Il sollicite l'autorisation de construire des loges pour acteurs le long des murs du château, ce qui lui est accordé.
En 1812, Luchet propose de vendre la salle de comédie et sa maison à la municipalité d'Angoulême. La proposition séduit la municipalité, qui "trouvera dans cette maison une étendue suffisante pour y établir tous ses bureaux et même tous les dépôts dont elle a besoin". L'offre est rapidement acceptée puisqu'en mai 1813, la ville se revendique propriétaire (en réalité locataire) de la salle. Son achat définitif est acté le 16 décembre 1814, moyennant la somme de 80 000F, en dépit d'un Luchet inflexible quant au prix de vente de 90 000F, vers 1812/1813.
Le rez-de-chaussée du théâtre abrite alors, dès 1815, la mairie d'Angoulême. On accède aux locaux administratifs du côté de la place du Parc. Il s'agit alors d'aménager, pour la salle de spectacle, une nouvelle entrée et une nouvelle façade néo-classique du côté de la rue de la Comédie.
La salle est détruite en 1911.